Archives de Tag: Embrassez-les tous

« Stop, on ne passe plus ! », entretien avec Keti Irubetagoyena

keti Irubetagoyena

Keti Irubetagoyena et sa compagnie. Keti I-ru-be-ta-go-ye-na est une jeune metteur en scène. Que voulez-vous, avec un nom pareil ? Toutes les voyelles y sont. Réussir à le prononcer, c’est déjà une vraie leçon de diction.

Keti Irubetagoyena décou­vre, au début des années 2000, le tra­vail d’Antton Luku, les spectacles du Teatro de los Andes et, avec eux, une forme de théâ­tre popu­laire et très visuel qui mar­que son tra­vail.

En 2004, elle intè­gre la section Théâtre de l’École Normale Supérieure de Lyon où elle suit un double cursus de recherches théoriques et pratiques. Dans sa thèse de doctorat, elle interroge un enseignement possible de la présence scénique. Parallèlement, elle monte ses premiers spectacles et se forme, entre autres, auprès de Jean-Louis Benoit, Cesar Brie, Jean-Michel Rabeux et Philippe Torreton.

De 2009 à 2012, elle travaille en résidence au CENTQUATRE-Établissement artistique de la ville de Paris où elle crée notamment Haïkus de prison d’après Lutz Bassmann (Antoine Volodine) et Embrassez-les tous de Barbara M. Chastanier. Ce dernier spectacle est tour à tour programmé au Festival Impatience 2012, au Festival Péril Jeune de Confluence ainsi qu’au Festival Passe-Portes où il remporte le Prix du Jury.

Elle conjugue aujourd’hui une recherche artistique portant sur la farce tragique à une activité de pédagogue, enseignant la dramaturgie et l’interprétation à L’école du Jeu – Paris.

L’interview. En novembre 2012, je suis allée voir Embrassez-les tous au Festival Péril Jeune de Confluences (Paris). J’ai sollicité Keti Irubetagoyena pour discuter de son travail. Notre entretien a eu lieu peu de temps après, à Lyon, dans un petit café sur les pentes de la Croix-Rousse.

***

Sarah Bornstein : Les didascalies d’Embrassez-les tous nomment la présence d’un mur physique sur scène (« Un mur immense traverse la scène »), un mur dont nous sommes censés suivre la construction progressive au cours de la pièce. Pourquoi avoir fait le choix de transgresser ces didascalies en ne matérialisant pas le mur sur scène ? As-tu fait ce choix là dans toutes les versions du spectacle ?

Keti Irubetagoyena : Dans la toute première version du texte, un grand prologue demandait explicitement que la pièce soit jouée par deux comédiens : un homme pour jouer Nina et Le Jeune homme et une comédienne pour jouer La Mère et Le Soldat. A cette époque, je voulais monter un spectacle avec Julie Moulier et Quentin Faure et le hasard a fait que Barbara Métais-Chastanier m’a proposé ce texte là. Ce prologue de la première version sous-entendait un type de jeu assez farcesque, avec une inversion des sexes et des changements de personnages sous les yeux du spectateur. Il supposait une esthétique très ludique qui autorisait toute forme de détournement. C’est la première raison de cette transgression des didascalies concernant le mur.

Lire la suite